article de Didier Jamet
6 MAI 2004
La galaxie NGC 1068 est une des galaxies actives les plus proches de nous, à une distance de quelque 50 millions d’années-lumière. Bien que rien dans son apparence ne la distingue des autres galaxies spirales barrées, son noyau est très lumineux. D’où peut bien provenir l’énergie nécessaire à l’alimentation d’un tel phare cosmique ? Probablement d’un trou noir super massif de 100 millions de masses solaires. Une équipe de chercheurs européens vient de fournir des données d’une exceptionnelle précision sur l’environnement de cet invisible monstre galactique.
Ces mesures, réalisées dans l’infrarouge grâce au VLT, le réseau européen de télescopes de 8 mètres installé au Chili, ont permis de mettre en évidence la présence autour du cœur de la galaxie d’un nuage de poussières chaudes (500°c) et d’un diamètre de 3 années-lumière. Ce nuage est lui-même entouré par un disque de poussières moins chaudes (50°c) et beaucoup plus étendu (11 années-lumière par 7).
Il s’agit probablement du disque d’accrétion où les poussières s’accumulent sous l’influence gravitationnelle du trou noir.
Ces données sont surprenantes dans la mesure où l’épaisseur du disque de poussières est égal à 65% de sa longueur, alors que les modèles des chercheurs leur laissaient prévoir une structure beaucoup plus aplatie.
Ces résultats font la preuve qu’il est désormais possible de mener des études systématiques très détaillées de l’environnement des trous noirs super massifs lointains, ouvrant aux chercheurs un tout nouveau champ d’investigation scientifique.