article de Didier Jamet
12 MARS 2003
Une équipe d’astronomes majoritairement européens et emmenée par Alfred Vidal Madjar, de l’Institut d’Astrophysique de Paris, vient d’annoncer la confirmation d’un étrange phénomène lié aux « Jupiters chauds », ces planètes extrasolaires très proches de leur étoile : Sous l’effet de la chaleur, leur atmosphère s’évapore dans l’espace à la manière des chevelures de comètes.
L’exoplanète en question, HD 209 458 b, située à 153 années-lumière de la Terre, est chère au cœur des astronomes depuis sa découverte en 1999 : détectée initialement par la méthode des vitesses radiales, son existence avait été rapidement confirmée par celle des transits : vue depuis la Terre, la planète passe « devant » son étoile, mini-éclipse entraînant une baisse de l’éclat de cette dernière. Puis, en novembre 2001, nouvelle grande première grâce aux observations menés par le télescope spatial hubble : HD 209 458 b possède une atmosphère, dans laquelle on relève des traces de sodium !
L’annonce d’aujourd’hui, rendue elle aussi possible par le spectrographe de Hubble, amène à se poser une nouvelle question : combien de temps HD 209 458 b gardera-t-elle son atmosphère ? Cette dernière semble en effet connaître une intense évaporation d’hydrogène.
Selon Alain Lecavelier des Etangs, co-auteur de l’étude, l’exoplanète perdrait par ce processus au moins 10 000 tonnes par seconde, et peut-être bien plus.
Si on prolonge la comparaison avec les comètes, on peut tout à fait imaginer que ce « Jupiter chaud »se réduise un jour à son noyau dense, résidu squelettique d’une planète autrefois géante.
Notons enfin que cette hypothèse d’atmosphère « en queue de comète » pour les Jupiters chauds avait été initialement émise et étudiée par le chercheur français de l’observatoire de Meudon Jean Schneider en 1997. Les résultats publiés aujourd’hui confirment de façon éloquente la validité de cette hypothèse formulée il y a 6 ans, et illustrent le rôle majeur tenu par la recherche européenne dans la connaissance de ces nouveaux mondes.