article de Laurent Laveder
27 JUILLET 2002
C'est par hasard qu'un des 2 télescopes automatiques du NEAT a découvert un morceau de la comète répondant au long patronyme 57P/du Toit-Neujmin-Delporte. Alertés, les astronomes de l'Université d'Hawaii ont épié le corps céleste et se sont aperçu que ce n'était qu'un fragment parmi bien d'autres !
Découverte surprise
Le 13 juillet 2002, le télescope de 1,2 m de diamètre installé au Mont Palomar et faisant partie du réseau NEAT (Near Earth Asteroïd Program) scrute le ciel dans son inlassable besogne. Il découvre un faible astre cométaire dont la trajectoire, calculée par le Minor Planet Center, se révèle être la même que celle de la comète 57P/du Toit-Neujmin-Delporte. Mais cet objet est décalé de 0,25 degré par rapport à la position de la comète. C'est bien trop pour une erreur de mesure ou de calcul.
C'est alors qu'une équipe de l'Université d'Hawaii utilise le télescope de 2,2 m du Mauna Kea pour tirer l'affaire au clair. Ils découvrent le noyau cométaire à sa place... accompagné de 19 fragments, dont celui repéré par NEAT. Ces morceaux de la comète 57P sont gentiment alignés à intervalle irrégulier sur 0,5 degré de long (le diamètre apparent de la Pleine Lune), leur magnitude allant de 20 à 23,5.
La pionnière : Shoemaker-Levy 9
Ainsi, c'est la 3ème comète fragmentée observée à l'aide d'un puissant télescope. La plus médiatique, mais aussi la première, fut Shoemaker-Levy 9 qui disparut en s'écrasant sur Jupiter en juillet 1994. C'est Caroline Shoemaker qui fut la première à découvrir l'aspect pour le moins inhabituel de la comète en mars 1993. Le télescope spatial Hubble fut mis à contribution pour obtenir des mesures encore plus précises.
En tout, 21 morceaux provenant de la fragmentation du noyau original, car l'imprudente comète s'était approchée de trop près de Jupiter (au point qu'elle avait été mise en orbite autour de la Géante Gazeuse), en deça de la limite de Roche.
Pour les amateurs : LINEAR S4
En 1999, c'est au tour de LINEAR C/1999 S4 de se faire remarquer dans le monde des astronomes, tant amateurs que professionnels. Entre les 21 et 22 juillet 2000, son éclat augmenta brusquement d'une magnitude peu avant son passage au périhélie (prévu pour le 24 juillet 2000).
Dès lors, les observateurs amateurs remarquèrent une fine queue très nette partant du noyau. Mais à peine quelques jours plus tard, elle n'était plus qu'une pâle forme allongée dont la magnitude déclinait plus rapidement que prévu.
Le 5 août, le télescope spatial Hubble révèle le triste destin de cet Icare céleste : passant trop près du Soleil (0,754 UA), elle s'était désintégrée en d'innombrables fragments mesurant à peine une trentaine de mètres de diamètre pour les plus petits.
La petite dernière : 57P/du Toit-Neujmin-Delporte
Le cas de 57P/du Toit-Neujmin-Delporte est fort similaire à LINEAR C/1999 S4. Les astronomes pensent qu'il y a 6 ans de cela, lorsque la comète était au périhélie (en juillet une fois de plus), l'intense rayonnement solaire a échauffé le noyau, faisant exploser des poches de gaz et causant des contraintes thermiques qui ont probablement brisé cette "boule de neige sale" dont la cohésion est faible.
Avec du recul, cette fragmentation était à prévoir, car tout comme LINEAR S4, l'éclat de 57P avait mystérieusement augmenté de 5 magnitudes peu après son passage au périhélie en juillet 1996.
Avec les mésaventures de Shoemaker-Levy 9, LINEAR S4 et maintenant 57P, le mois de juillet semble être plutôt funeste pour les comètes passant au périhéle. Moralité : "Périhélie en juillet, comète fragmentée !"
Pour en savoir plus, vous pouvez lire le rapport (en anglais) de l'équipe qui a observé la comète 57P à l'aide d'un télescope du 2,2 m du Mauna Kea.