article de Didier Jamet
10 MARS 2002
Ça chauffe dans les parages de la célèbre nébuleuse d’Orion, M 42. À peine formées, les jeunes étoiles issues de cette pouponnière sont soumises à la pression du gaz interstellaire en provenance du centre de la nébuleuse. Heureusement, elles savent se défendre.
Sur cette image du télescope spatial Hubble, on distingue parfaitement le magnifique " bouclier " en arc de cercle qui se forme au point de rencontre entre les particules ionisées du vent solaire de LL Ori, jeune étoile, et le gaz interstellaire à partir duquel elle s’est formée.
En fait, cet arc de cercle est très semblable à la vague d’étrave qui se forme devant les bateaux, constituée de l’eau repoussée en avant par la marche des navires. Ici, c’est le vent stellaire de LL Ori, dense et rapide, qui joue le rôle d’étrave. Il fend et repousse le gaz environnant, plus lent, moins dense, qui s’écoule depuis le centre de la nébuleuse à la manière d’un courant de surface.
Notre propre étoile, le Soleil, provoque également ce genre de structure lors de sa progression dans le milieu interstellaire, mais comme il émet un vent moins énergétique (il est beaucoup plus âgé) et évolue dans un milieu beaucoup moins dense, la vague n’est pas aussi nettement dessinée.
De tels " arcs de choc " sont communs dans cette zone : on en discerne un autre, bien que beaucoup plus faible, en haut à droite de l’image.
De la même façon qu’une vague d’étrave peut nous renseigner sur la vitesse et le chargement d’un navire, la forme des arcs permet aux astronomes de déduire certaines des caractéristiques des jeunes étoiles qui les produisent et du milieu dans lequel elles baignent, précieux indices dans ces zones de formation d’étoiles où de complexes processus sont à l’œuvre.
