Mission Rosetta: l'ESO au secours de l'ESA

article de Laurent Laveder
7 MARS 2002

Cette vue d’artiste illustre le clou de la mission Rosetta : l’atterrissage d’un module scientifique à la surface même du noyau de la comète Wirtanen. Pendant ce temps, la sonde tourne en orbite autour du noyau de 1,2 km de diamètre. Les astronomes de l’ESO viennent de vérifier que le lointain Soleil (la tache lumineuse en haut à gauche du dessin) n’entraîne quasiment aucune activité, étant incapable de réchauffer suffisamment la surface de la comète.
Cette vue d’artiste illustre le clou de la mission Rosetta : l’atterrissage d’un module scientifique à la surface même du noyau de la comète Wirtanen. Pendant ce temps, la sonde tourne en orbite autour du noyau de 1,2 km de diamètre. Les astronomes de l’ESO viennent de vérifier que le lointain Soleil (la tache lumineuse en haut à gauche du dessin) n’entraîne quasiment aucune activité, étant incapable de réchauffer suffisamment la surface de la comète.

ESA

Les astronomes de l’ESO (Observatoire Austral Européen) ont observé la comète Wirtanen, afin d’aider leurs collègues de l’ESA (Agence Spatiale Européenne) à mettre au point la mission cométaire Rosetta.

La mission spatiale Rosetta ressemble à un scénario de science-fiction. Il s’agit d’envoyer une sonde vers une comète, de poser un atterrisseur sur son noyau, puis de rester en orbite autour du noyau le temps que la comète regagne les parages immédiats du Soleil. Cette comète, c’est 46 P/Wirtanen. Cette boule de glace mêlée de poussière mesure 1,2 km de diamètre. Elle boucle une orbite en 5,5 ans.

Estimer l’activité

En 2011, quand Rosetta se placera en orbite autour de Wirtanen, la comète sera à une distance de 450 millions de kilomètres du Soleil (environ les deux tiers de la distance moyenne qui sépare Jupiter du Soleil). Mais une question de taille se pose alors : l’activité de la comète ne risque-t-elle pas de malmener la sonde par les poussières éjectées et d’empêcher le largage de l’atterrisseur ? Il en va de la réussite de la mission. Or, jusqu’à présent, les astronomes étaient incapables de dire avec certitude le niveau d’activité qui règne sur cette boule de neige à la distance où se fera la rencontre.

Depuis le 8 décembre 2001 (heure locale du Chili), les scientifiques sont en mesure de donner une réponse. Ce soir là, Wirtanen était située à 435 millions de kilomètres du Soleil, (534 millions de kilomètres de la Terre), c’est-à-dire sensiblement la distance à laquelle la sonde rencontrera la comète. Les astronomes de l’ESO ont tourné Yepun (un des quatre géants du VLT) en direction de Wirtanen. La manœuvre était difficile, l’astre étant situé près de l’horizon dès la tombée de la nuit, mais les techniciens sont parvenus à obtenir des images permettant d’estimer l’activité du noyau cométaire.

Sur les photos, on distingue un très faible point lumineux (de magnitude 23) déformé par la médiocre qualité atmosphérique : c’est le noyau de Wirtanen. Il ressemble à s’y méprendre à une étoile, trahissant par-là les très faibles dégazages et émissions de poussières de l’astre. La sonde Rosetta n’aura donc probablement aucun mal à s’approcher d’une comète engourdie par le froid.

L’Arche Rosetta

Rosetta est une véritable Arche de Noé scientifique : à son bord, elle embarquera 21 expériences vers ce monde sans eau (rappelons que dans le vide spatial, la glace se transforme directement en vapeur d’eau, sans passer par l’état liquide). Le but de cet attirail scientifique est d’analyser in situ la composition de ces vestiges du Système Solaire. Les comètes sont en effet nées en périphérie du Système Solaire, là où elles sont à l’abri des transformations provoquées par l’exposition aux violents rayons du Soleil. De plus, même si elles s’en approchent, leur sublimation garantit la présence de glace « fraîche » à leur surface. Ainsi, l’analyse chimique des comètes reflète la composition du Système Solaire à ses débuts, soit 4,6 milliards d’années dans le passé !

Le lancement de la sonde Rosetta (à bord d’une fusée Ariane 5) est programmé pour janvier 2003. Il était donc plus que temps de vérifier la faisabilité d’un tel accostage de noyau cométaire. Les responsables du projet sont maintenant rassurés grâce à l’indépendance de l’Europe qui a maintenant tous les outils pour développer une mission spatiale délicate et vérifier sa faisabilité à l’aide de puissants moyens au sol. Bonne chance Rosetta.

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