article de Didier Jamet
1er MARS 2002
Mission brillamment accomplie pour le poids lourd des lanceurs Européens, qui cette nuit a parfaitement placé le colossal satellite Envisat sur l’orbite de transfert géostationnaire prévue. Avec ses 10 mètres de long pour 8 tonnes, Envisat restera sans doute le satellite Européen le plus coûteux de tous les temps. L’enjeu était donc de taille, et après l’échec du 12 juillet dernier, Ariane 5 n’avait pas le droit à une nouvelle erreur de jeunesse : elle vient de prouver sa maturité.
Le vol 145 était le onzième lancement d’une Ariane 5, et le premier de l’année. Ce succès est de bon augure alors que quatre autres missions sont programméespour 2002, positionnant avantageusement Ariane 5 par rapport aux lanceurs lourds concurrents Américains. Elle est en effet la seule fusée opérationnelle à avoir prouvé sa capacité à amener à bon port une charge utile géostationnaire de plus de 6 tonnes et demi.
Plus tard cette année, Ariane Espace devrait mettre en service une version encore plus puissante de son lanceur de grande capacité, capable de positionner 10 tonnes en orbite de transfert géostationnaire, autorisant des lancements simultanés de deux satellites, réduisant de façon significative ses coûts opérationnels. La barre des 12 tonnes devrait être franchie en 2006.
De telles capacités trouvent l’essentiel de leurs débouchés sur le marché des satellites de télécommunications, toujours plus massifs au fil des générations, afin de pouvoir traiter des échanges de données en constante augmentation.
Envisat est une vaste plate-forme d’observation de notre planète, dédiée à l’étude de son environnement. Il comprend une dizaine d’instruments qui collecteront une immense masse de données, depuis le suivi des trous de la couche d’ozone stratosphérique jusqu’à l’état du couvert végétal, en passant par la température de surface des océans et la répartition des aérosols. Développé au début des années 1990, époque des grands projets spatiaux Européens associant de nombreuses équipes, Envisat restera sans doute le dernier scientifique Européen d’un tel gabarit. La tendance actuelle est en effet au lancement de satellites dédiés à un objectif précis, plus simples à gérer tant au niveau du développement que de celui du traitement des données