article original publié par Science @ Nasa
auteur : Patrick L. Barry
traduction de Didier Jamet
25 SEPTEMBRE 2002
Les vaisseaux spatiaux de demain seront construits en utilisant des matériaux avancés aux propriétés renversantes. En voici quelques exemples.
Première partie
"Ce que je cherche vraiment," dites-vous en vous adressant au vendeur, "c'est une voiture capable de faire 16 000 kilomètres entre deux pleins, qui se répare elle-même automatiquement, tient une moyenne de 800 km/heure, et pèse seulement quelques centaines de kilos."
Tandis que le vendeur vous observe avec des yeux ronds, vous ajoutez, "Oh bien sûr, je ne peux y mettre que le quart du prix de ces autres voitures."
Avec une demande comme celle-là, il y a peu de chances pour que vous soyez pris au sérieux au Mondial de l'automobile.
Mais par beaucoup d'aspect, cette voiture de rêve est une bonne métaphore des véhicules spatiaux dont nous aurons besoin pour prolonger notre exploration du système solaire dans les décennies à venir.
Ces nouveaux vaisseaux devront être plus rapides, plus légers, moins chers, plus fiables, plus durables et plus polyvalents. Tout ça en même temps.
Impossible ?
Avant de répondre, imaginez la façon dont un vendeur de chevaux d'il y a 200 ans aurait peut-être réagi si un homme lui avait dit être à la recherche d'un cheval capable de courir à 160 km/heure, de transporter tous les membres de sa famille avec leurs bagages, et de chanter ses chansons favorites pendant tout le trajet. Aujourd'hui, ça s’appelle un monospace…
Les révolutions technologiques - comme la révolution industrielle qui remplaça les chevaux par des voitures - peuvent faire que ce qui nous semble aujourd'hui impossible devienne tout à fait banal dans le futur.
Une telle révolution se déroule en ce moment même. Trois des domaines de recherche qui connaissent actuellement les développements les plus rapides - biotechnologies, nanotechnologies, et technologies de l'information - convergent pour fournir aux scientifiques un contrôle absolument sans précédent de la matière, à l’échelle moléculaire.
De cette ruée vers l'or conceptuelle, on voit émerger une nouvelle classe de matériaux aux propriétés stupéfiantes, qui paraissent sortir de romans de science-fiction plutôt que de la paillasse d'un laboratoire.
Imaginez, par exemple, une substance qui offrirait cent fois la résistance de l'acier, bien que six fois moins lourde ; des matériaux auto suturant en cas de perforation ; des surfaces qui peuvent "sentir" les forces de pression s'exerçant sur elle ; des connexions et des circuits électroniques de la taille d'une molécule ; des matériaux structuraux qui génèrent et stockent l'électricité ; et des liquides qui peuvent instantanément se solidifier puis redevenir liquide à volonté.
Tous ces matériaux existent déjà aujourd'hui... Et beaucoup d'autres arrivent bientôt.
Avec des matériaux aussi extraordinaires à disposition, construire de meilleurs vaisseaux spatiaux ne semble après tout plus aussi tiré par les cheveux.
Suite de cet article : Le poids, c’est de l’argent (lien ci-dessous)
