article original publié par Science @ Nasa
auteur : Docteur Tony Phillips
traduction de Didier Jamet
24 OCTOBRE 2008
« Une partie du problème vient du fait que l’image des sursauts gamma est très déformée par l’expansion de l’Univers, ce qui fait qu’il pourrait être difficile de les reconnaître au premier coup d’œil comme étant des sursauts gamma » explique la physicienne Lynn Cominsky de l’Université d’état de Sonoma. « Les sursauts pourraient parfaitement se produire sans que nous nous en rendions compte. »
Un autre problème vient de la contrepartie optique de ces sursauts gamma, le nuage de débris en expansion qui peut nous en apprendre tant sur les sursauts, à commencer par leur distance. « Peut-être que la lueur des sursauts les plus lointains est tellement décalée vers le rouge qu’elle est invisible pour l’actuelle génération de télescopes. » fait-elle remarquer.
Le « décalage vers le rouge » permet de mesurer la façon dont la lumière est étirée lorsqu’elle voyage vers nous en provenance du fin fond de l’Univers. Plus un objet est lointain, plus sa lumière est décalée vers le rouge, comme le son d’un objet qui s’éloigne de nous est décalé vers les graves, ce qui s’appelle l’effet Doppler.
Jusqu’à il y a peu, le plus grand décalage vers le rouge mesuré pour un sursaut gamma était de 6,3. Puis le mois dernier, Gehrels et ses collègues, en utilisant le satellite Swift de la Nasa, en ont trouvé un avec un décalage vers le rouge de 6,7, soit un plongeon dans le temps de 12,8 milliards d’années en arrière. C’est actuellement le record à battre.
« On prévoit que les sursauts gamma puissent atteindre des décalages vers le rouge compris entre 10 et 20, mais jusqu’à présent personne n’en a jamais vu aucun dans cette gamme « reconnaît Cominsky.
Les contreparties lumineuses optiques de sursauts si lointains seraient entièrement décalées dans l’infrarouge. « Il y a un énorme effort à produire maintenant pour essayer d’obtenir ces observations dans l’infrarouge » insiste Gehrels. Mais pour le moment il est déjà difficile de vérifier si un sursaut gamma se trouvant éventuellement à un décalge supérieur à 7 est réellement si lointain qu’il le paraît.
Avec l’amélioration continuelle des télescopes infrarouges, les chercheurs espèrent finir par être capables de mesurer la distance de sursauts gamma présentant un décalage vers le rouge supérieur à 7, si tant est qu’ils existent. Car supposons un instant qu’ils soient vraiment manquants ?
« Cela nous apprendrait quelque chose de très intéressant sur l’Univers » répond avec philosophie Neil Gehrels.