article original publié par Science @ Nasa
auteur : Docteur Tony Phillips
traduction de Didier Jamet
9 OCTOBRE 2008
Placer un grand télescope à miroir liquide près des pôles lunaires est tentant. Le télescope lui-même pourrait être installé au fond d’un cratère où règne une nuit éternelle, où il resterait naturellement à des températures extrêmement basses, l’idéal pour de l’astronomie infrarouge. Les panneaux solaires nécessaires à l’alimentation des systèmes électriques seraient quant à eux placés sur des sommets au contraire quasi constamment éclairés.
Le fait qu’un télescope à miroir liquide soit condamné à toujours rester à l’horizontale simplifie en fait considérablement sa construction et réduit sa masse en éliminant les massives montures et autres systèmes de guidage nécessités par les télescopes classiques. « Tout ce dont vous avez besoin, c’est d’un récipient pour le liquide, qui pourrait être une sorte de structure en parapluie renversé qui se déploierait elle-même, plus un support supraconducteur où les frictions seraient réduites au maximum, le tout asservi à un moteur d’entraînement » assure Borra.
Worden estime quant à lui que tout les matériaux nécessaires pour un télescope à miroir liquide complet de 20 mètres de diamètre ne pèserait que quelques tonnes, et pourrait donc être apportés sur la Lune avec un seul lancement d’Ares 5, le lanceur actuellement développé par la Nasa pour ses prochaines missions lunaires à l’horizon 2020. Et les télescopes ultérieurs pourraient dépasser les 100 mètres de diamètre, soient plus grands qu’un terrain de football.
« Un miroir de cette taille pourrait remonter à un temps où l’Univers était très jeune, âgé de moins d’un demi milliard d’années, lorsque la première génération d’étoiles et de galaxies était en train de se former » s’enthousiasme Borra. Et le plus excitant dans tout ça tient à l’étendue du nouveau domaine qu’il nous permettrait d’explorer : qui sait ce que nous pourrions y découvrir ?
« Installer un télescope géant sur la Lune est certes une vieille idée de science-fiction » reconnaît Worden. « Mais elle pourrait bien se concrétiser prochainement » conclue-t-il.
