article original publié par Science @ Nasa
auteur : Docteur Tony Phillips
traduction de Didier Jamet
12 DECEMBRE 2006
Bill Cooke, qui dirige le bureau d’environnement météoritique de la Nasa à Huntsville, Alabama, offre ses conseils : " commencez à regarder le ciel dès mercredi soir 13 décembre. Le spectacle commencera doucement, mais son intensité ira croissante au fur et à mesure de la nuit "
" Jeudi 14 avant l’aube, les gens qui se trouveront en milieu rural, loin des lumières de la ville, pourront observer entre un et deux météores chaque minute ".
La source des Géminides est un mystérieux astre nommé 3200 Phaéton. " Personne ne peut dire ce qu’il est vraiment " confirme Cooke.
À proprement parler, ce mystère débute au 19e siècle. Avant le milieu des années 1880, figurez-vous qu’il n’y avait pas de Géminides, ou du moins pas suffisamment pour attirer l’attention. Les premières Géminides dignes de ce nom apparurent brutalement en 1862, surprenant les badauds qui virent alors des dizaines d’étoiles filantes pleuvoir de la constellation des Gémeaux (c’est d’ailleurs de là que ces étoiles filantes tirent leur nom de Géminides).
Les astronomes se mirent immédiatement en quête d’une comète. Les étoiles filantes sont en effet des débris évaporés du noyau d’une comète lorsque celle-ci s’approche du Soleil. Quand la Terre coupe le sillage de débris, il pleut des étoiles filantes.
Leur quête de la " mère " des Géminides resta vaine pendant plus d’un siècle. Et puis en 1983, le satellite infrarouge IRAS, de la Nasa, aperçut quelque chose. Cela mesurait plusieurs kilomètres de long et se déplaçait sensiblement sur la même orbite que les Géminides. Les scientifiques nommèrent ce quelque chose 3200 Phaéton.
Mais il y avait juste un problème : les pluies d’étoiles filantes sont censées être le fruit de comètes. Or 3200 Phaéton a toutes les apparences d’un paisible astéroïde. Contrairement aux comètes, il est constitué de roches et non pas de glace. Officiellement, 3200 Phaeton est considéré comme un géocroiseur, un astéroïde potentiellement dangereux pour notre planète puisque sa trajectoire ne manque celle de la Terre que de quelque 4 millions de Km.
Si 3200 Phaéton est vraiment un astéroïde, sans queue, comment a-t-il bien pu engendrer les Géminides ? " Il est peut-être entré en collision avec un autre astéroïde " propose Cooke. " Une telle collision aurait pu créer un nuage de poussières et de débris qui aurait suivi Phaéton sur son orbite. "
Cette hypothèse est cohérente avec plusieurs études des propriétés des Géminides. Des astronomes ont étudié les plus brillantes d’entre elles, et en ont conclu que les débris à partir desquels elles se formaient étaient probablement d’origine rocheuse. Les estimations de densité sont en effet comprises entre 1 et 2 grammes par cm3. C’est une densité tout à fait similaire à celle des roches terrestres, aux alentours de 3 grammes par cm3, et en tous les cas nettement plus dense que les paillettes de poussières cométaires (0,3 g par cm3)
Alors, les Géminides sont-elles une " pluie d’astéroïdes filants " ?...
Cooke n’en est pas convaincu. 3200 pourrait bien être une comète après tout. " Une comète éteinte " précise-t-il. Son orbite l’amène plus près encore du Soleil que ne l’est jamais Mercure. Un chauffage solaire extrême aurait très bien pu vaporiser toute la glace de Phaéton il y a bien longtemps, ne laissant subsister qu’un squelette rocheux " qui ne ferait que ressembler à un astéroïde ".
Bref, personne n’en sait rien... C’est un de ces mystères du ciel, à savourer sous les étoiles. Les étoiles filantes, bien sûr...