Le Transit 2006 de Mercure

article original publié par Science @ Nasa
auteur : Docteur Tony Phillips
traduction de Didier Jamet
8 NOVEMBRE 2006

Mercure, un enfer de cratères
Mercure, un enfer de cratères

NASA, Mariner 10

Le 8 novembre 2006, la planète Mercure passera devant le Soleil. Ce transit débutera à 19 h 12 temps universel et durera pendant près de 5 heures. Il sera visible depuis le Québec, les Antilles et l’Océanie, mais pas en Europe. Cet article s’adresse donc tout particulièrement à nos amis d’Outremer, mais il sera cependant possible d'observer le transit sur Internet grâce au satellite SOHO

À quoi cela va-t-il ressembler ? Une image valant 1000 mots, cliquez ici pour le voir.

Durant ce transit, le minuscule disque de Mercure, d’un noir d’encre et parfaitement sphérique, semblera glisser lentement sur le disque solaire. Seule une infime partie de l’astre du jour sera obscurcie, aussi le Soleil restera aussi dangereux à observer qu’il l’est d’habitude. Mais avec des filtres appropriés et un peu d’imagination, le transit de Mercure peut se transformer en merveilleuse expérience.

Il y a plusieurs façons d’observer le Soleil en toute sécurité, mais en l’occurrence rien ne battra une lunette équipée d’un filtre H-alpha. Les filtres H-alpha sont conçus pour ne laisser passer que le rayonnement rougeoyant de l’hydrogène solaire. Le Soleil apparaît alors pour ce qu’il est, un enfer bouillonnant où s’entrecroisent de sombres filaments de champ magnétique et parsemé de taches.

Enseignants, rapprochez-vous de votre club d’astronomie local si vous souhaitez observer ce transit avec vos élèves. Les astronomes amateurs n’aiment rien tant que faire partager leur passion pour le ciel, et vous trouverez probablement des gens de bonne volonté qui pourront venir avec leur télescope dans votre école. Et si vous ne trouvez aucun télescope disponible, ou si vous vous trouvez hors de la zone de visibilité, vous pourrez toujours suivre le transit sur Internet grâce à l’observatoire solaire spatial SOHO.

Pendant que vous observerez ce transit, voici quelques données que vous pourrez méditer. Mercure est en réalité une planète fantastiquement mystérieuse. Plus de la moitié de la planète nous est parfaitement inconnue. Lorsque la sonde spatiale Mariner 10 survola Mercure au milieu des années 1970, elle ne put photographier que 45% de sa surface cratérisée. Qu’est ce qui se trouve de l’autre côté ? Encore plus de cratères ? Ou bien quelque chose de totalement inattendu ? Personne ne le sait encore aujourd’hui. Et vous pouvez avancer hardiment vos propres hypothèses sans crainte d’être démenti avant un moment, car Mercure ne recevra pas la visite d’une sonde spatiale avant 2011, et ce sera le vaisseau MESSENGER de la NASA.

Un des secrets les mieux gardés de Mercure, c’est celui du matériau qui recouvre ses pôles. Des ondes radar émises depuis la Terre sont revenues sous la forme d’un étrange et puissant écho en provenance des cratères des pôles de Mercure. Une des explications les plus fréquemment avancées tient à la possible présence de glace d’eau au fond de ces cratères. Alors que la face éclairée de Mercure est portée à une température avoisinant les 400°C, la température au fond des cratères polaires qui ne voient jamais le jour doit être de l’ordre de – 200°C. Si jamais une comète était venue s’écraser au fond d’un de ces cratères (on peut même imaginer qu’elle aurait elle-même creusé ce cratère lors de sa chute), sa glace d’eau, vaporisée au moment de l’impact, aurait pu se redéposer à proximité. Mais comme aiment à le rappeler les détracteurs de cette idée, c’est juste une théorie parmi les nombreuses autres que devra départager MESSENGER.

Une autre énigme de Mercure tient à ses rides, que les géologues nomment sous le vocable " d’escarpements lobés ". Comme les rides d’un grain de raisin, ces escarpements pourraient être le signe d’un ratatinement de la planète. Mercure est peut-être en train de rétrécir, conséquence du refroidissement et de la contraction de son massif noyaux ferreux. Pour vérifier cette hypothèse, MESSENGER réalisera une carte détaillée du champ magnétique de Mercure qui prend son essor depuis le noyau. Si celui-ci rétrécit, peut-être ce rétrécissement aura-t-il laissé des signes révélateurs dans le paléomagnétisme de la planète. MESSENGER vérifiera aussi qu’on retrouve bien ce même type d’escarpements lobés du côté encore inconnu de la planète, ce qui permettra d’affirmer le caractère global de ce phénomène.

Comme nous l’avons vu, les réponses à ces questions ne sont pas pour demain. En attendant, nous pouvons toujours observer Mercure et nous interroger à son sujet. À n'en pas douter, le 8 novembre sera un bon jour pour ça.

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