article original publié par Science @ Nasa
auteur : Docteur Tony Phillips
traduction de Laurent Laveder
2 AOUT 2004
La nuit des étoiles filantes 2004, le pic de l’essaim d’étoiles filantes des Perséides, pourrait bien être un cru exceptionnel cette année. Avec peut-être, en avant-première, des poussières relâchées à la fin du dix-neuvième siècle par la comète Swift-Tuttle.
Le spectacle a commencé dès la mi-juillet, quand la Terre a franchi les limites d’un nuage de débris cométaires abandonnés par la comète Swift-Tuttle. Pas plus gros qu’un grain de poussière, ces météoroïdes laissent une brillante traînée en se désintégrant dans l’atmosphère. À la mi-juillet, il n’y en a encore que quelques-unes par nuit, puis cela va s’intensifier jusqu’à la nuit du 12 au 13 août. Cette nuit-là , et peut-être la suivante, il devrait être possible de voir plusieurs dizaines, voir des centaines d’étoiles filantes par heure.
C’est donc une bonne année pour les étoiles filantes, et ce pour deux raisons. D’abord, la Lune ne sera pas là pour gâcher la fête. Ensuite, en plus de l’habituelle pluie du 12 au 13 août, il pourrait bien y avoir une première partie dans la nuit du 11 au 12. En cause, une nouvelle traînée de débris cométaires que la Terre n’a encore jamais croisée.
Cette traînée, comme toutes celles qui occasionnent les étoiles filantes des perséides, provient de la comète Swift-Tuttle. Sa particularité est sa relative jeunesse. Elle a été formée en 1862, pendant la guerre de sécession qui opposa Sudistes aux Nordistes en Amérique du Nord. La plupart des autres traînées sont en général beaucoup plus vieilles, certaines de plusieurs milliers d’années, et plus dispersées.
Si les prévisions s’avèrent exactes, la Terre plongera dans ce filon de poussières le mercredi 11 août à 23 heures, heure légale en Europe occidentale, ce qui mettra les européens aux premières loges. Les étoiles filantes qui devraient être visibles à cette occasion seront assez faibles, mais nombreuses. On s’attend à des pics de 200 par heure, soit une toute les 18 secondes en moyenne.
Les perséides traditionnelles se montreront quant à elles dans la nuit du 12 au 13, et on ne devrait pas en voir plus d’une par minute. Pour observer les étoiles filantes, rien de tel que de s’allonger dans une chaise longue emmitouflé dans un sac de couchage. Pas besoin de télescope, ni même d’une paire de jumelles.
La comète dont proviennent les grains de poussière à l’origine des étoiles filantes des Perséides s’appelle Swift-Tuttle, du nom de ses découvreurs, les américains Lewis Swift et Horace Tuttle. Ils l’ont découverte chacun de leur côté en 1862, ce qui fait qu’ils ont assisté en direct à la formation du filon de poussières dans lequel nous plongerons le 11 août.
Trois ans plus tard, l’astronome italien Schiaparelli (celui-là même des fameux " canaux " martiens) comprit que cette comète était la source des Perséides. Il comprit par là même que cette comète pouvait être amenée à rentrer un jour en collision avec la Terre, puisque nous traversons son sillage chaque année. Mais à cette époque, personne ne s’inquiétait de ce genre de risque.
L’idée selon laquelle les astéroïdes et les comètes pouvaient représenter une menace pour notre planète ne réussit à s’imposer qu’à partir des années 1980. Alors les astronomes commencèrent à s’inquiéter sérieusement. Swift-tuttle est énorme, sa taille est estimée à 10 km de diamètre, soit équivalente à celle de l’astéroïde dont on pense qu’il eut raison des dinosaures il y a 65 millions d’années. Certains calculs indiquaient une forte probabilité de collision en 2126. En 1992, des calculs plus précis montrèrent qu’il n’en serait rien : Swift-Tuttle nous laissera en paix au moins jusqu’à l’an 3000, et probablement au-delà .
Alors pas de panique, vous pouvez profiter du spectacle sans arrière-pensées catastrophistes : les étoiles filantes des perséides ne vous tomberont pas sur la tête comme le craignaient les Gaulois. Elles se contenteront d’illuminer le ciel de vos vacances.
Quelques liens pour aller plus loin
Les météorites sont des taons !