La vie secrète des orages

article original publié par Science @ Nasa
auteur : Patrick L. Barry
traduction de Didier Jamet
1er NOVEMBRE 2003

Le 29 mars 2003, une éclaircie a permis à T. Credner & S. Kohle de surprendre Mars au détour d’un nuage d’orage.
Le 29 mars 2003, une éclaircie a permis à T. Credner & S. Kohle de surprendre Mars au détour d’un nuage d’orage.

T. Credner & S. Kohle

Les nuages d’orages sont le siège de processus bien plus complexes que ceux que nous pouvons distinguer. Si nos sens nous permettaient de visualiser les champs de force qui entourent les aimants ou les vêtements qui ont accumulé de l’électricité statique, les orages nous présenteraient un visage très différent.

Enveloppant et éclipsant le nuage d’orage, des faisceaux d’énormes champs magnétiques et électriques formeraient des arches culminant très au-dessus du nuage, jusqu’au sommet de l’atmosphère, et dégringoleraient du nuage comme des mèches folles venant mourir au sol.

Ces champs invisibles sont perpétuellement en mouvement, gonflant et se déformant au rythme des tourbillons du nuage, puis faisant une brutale embardée lorsque la foudre frappe.

Les scientifiques soupçonnent depuis longtemps cet aspect invisible des orages d’être la " pompe " électrique qui maintient une énorme différence de charge entre la surface terrestre et une couche supérieure de l’atmosphère appelée ionosphère. Il y a entre les deux une différence de potentiel qui peut aller de 150 000 à 600 000 volts. La différence devrait normalement s’équilibrer en l’espace d’un quart d’heure, mais il n’en est rien.

Il doit donc exister une pompe. Malheureusement, les chiffres ne concordent pas : les chercheurs essayent encore de comprendre pourquoi. Tous les éclairs reliant le sol aux nuages à travers le monde (et il s’en produit 15 par secondes à la surface de la planète) ne déplacent pas assez de courant électrique pour maintenir la différence de charge constatée. Autre chose doit nécessairement y contribuer.

" Il existe d’autres sources à côté des éclairs, et c’est notamment ce que nous essayons de comprendre " précise Richard Blakeslee, chercheur au centre spatial Marshall.

Il explique : " La Terre et son atmosphère constituent une sorte de circuit électrique géant. Par beau temps, la différence de charge entre l’ionosphère et le sol alimente un flux permanent de courant depuis l’atmosphère vers le sol, en dépit du fait que l’air soit piètre conducteur de l’électricité. "

" Aussi il existe nécessairement quelque chose qui ramène ce courant depuis le sol vers l’atmosphère pour boucler la boucle et alimenter le circuit – et les orages. Les deux flux devraient être égaux, mais jusqu’ici nous ne parvenons pas à équilibrer les " plateaux " de la balance.

Pour voir de plus près ce qui s’y passe, Blakeslee et ses collègues ont utilisé une nouvelle méthode de suivi des orages : ils font voler une version modifiée du drone " Predator " utilisé lors du récent conflit irakien, le rendant à la vie civile avec pour mission le survol des orages près de Key West en Floride. La formule présente de nombreux avantages, détaillés dans la suite de cet article : " Predator, du déluge de feu au ciel d’orage " (lien ci-dessous)

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