article original publié par Science @ Nasa
auteur : Docteur Tony Phillips
traduction de Didier Jamet
21 OCTOBRE 2003
Ce soir, une source d’étoiles filantes jaillira de la constellation d’Orion. Demain matin, Jupiter viendra prendre le petit déjeuner avec un croissant lunaire. Tout cela sous l’œil de Saturne. Et le Vôtre.
En Europe, vous pourrez assister à ce spectacle au cours de la prochaine nuit.
" Les étoiles filantes de cette semaine proviennent de la comète de Halley " nous prévient Bill Cooke, du centre spatial Marshall. " Chaque année en octobre, la Terre traverse une veine de débris poussiéreux laissés par la célèbre comète. Ces fragments de poussières cométaires, la plupart pas plus gros qu’un grain de sable, vont se désintégrer dans l’atmosphère sous la forme d’étoiles filantes. Cette pluie ne sera pas particulièrement intense, mais elle vaut quand même le coup d’œil.
En Europe, la pluie d’étoiles filantes connaîtra son pic d’activité mardi soir, à 22 : 00 heure légale (20 : 00 TU). On s’attend à voir une étoile filante toutes les deux minutes en moyenne. Elles sembleront jaillir de la constellation d’Orion, d’où leur nom. Le radiant se situera très précisément entre l’épaule gauche d’Orion le chasseur et la constellation des Gémeaux, dans laquelle se trouve actuellement Saturne. (cliquez ici pour générer une carte du ciel en fonction de vos lieux et heures d’observation).
Mais ne perdez pas trop de temps à observer dans la direction du radiant : du fait de la perspective, les étoiles filantes que vous serez susceptible d’y apercevoir paraîtront brèves. Regardez plutôt dans une direction peu éclairée et aussi perpendiculaire que possible au radiant. Vous n’en verrez ni plus ni moins qu’au radiant, mais elles seront plus spectaculaires.
Si vous avez la possibilité de guetter les Orionides toute la nuit, vous serez récompensé au petit matin par le lever de Jupiter qui aura le bon goût de venir avec un croissant (lunaire…). Jupiter et la Lune seront relativement proches l’un de l’autre deux jours de suite, vous bénéficierez donc d’une séance de rattrapage mercredi matin si vous vous êtes endormi la nuit précédente… Et vous aurez même la possibilité de voir encore quelques Orionides… Peut-on rêver mieux ?
Quelques précisions sur les Orionides
Les Orionides sont les cousines d’octobre des Êta Aquarides du printemps, une pluie d’étoiles filantes qui se déroule en mai et est mieux visible depuis l’hémisphère sud. Les deux pluies ont le sillage de la comète de Halley pour origine.
"Chaque année, la terre s’approche par deux fois de l’orbite de la comète de Halley, une fois en mai et l’autre en octobre " confirme Don Yeomans, chercheur au JPL. Bien que la comète elle-même soit très rarement dans les parages (elle se trouve actuellement au-delà de l’orbite de Saturne), ses débris poussiéreux persistent dans le système solaire interne et provoquent les deux pluies d’étoiles filantes.
En 1986, lors du dernier passage de la comète de Halley, la chaleur du Soleil arracha au noyau une épaisseur de glace estimée à 6 mètres. Et c’est la même chose tous les 76 ans depuis des millénaires.
Au début, les débris fraîchement libérés se contentent de suivre la comète, ce qui fait qu’ils ne peuvent rentrer en collision avec la Terre. En effet, au plus serré, les orbites de la comète et celle de la Terre sont au mieux distantes de 22 millions de km (0,15 unité astronomique). Et pourtant au fil des siècles, les poussières finissent par se disperser au point que certaines viennent à croiser l’orbite de notre planète.
"Les particules qui quittent le noyau finissent également par s’écarter de la trajectoire de la comète pour deux raisons principales. " explique Yeomans
"D’abord, les poussières sont plus sensibles à l’influence gravitationnelle des planètes que la comète elle-même. Mais elles sont surtout soumises à la pression de radiation du Soleil. "
"L’évolution orbitale des poussières de la comète de Halley est un problème extrêmement complexe " souligne Cooke. Personne ne sait exactement combien de temps met une poussière de comète de Halley pour se placer sur une trajectoire de collision avec la Terre. Des siècles ou peut-être même des millénaires. Cependant une chose est sûre : " Les poussières qui engendrent les Orionides ne sont pas nées de la dernière pluie ".
Elles sont pourtant fringantes. " ces météorides frappent l’atmosphère terrestre à la vitesse de 66 km/s, soit 237 600 km/h " poursuit-il. Seules les Léonides de novembre sont plus rapides (72 km/s). De tels bolides laissent souvent de brillantes trainées (des morceaux de débris incandescents dans le sillage du météore) qui peuvent persister plusieurs secondes voire minutes.
Quelques liens pour aller plus loin
Les Orionides et leurs cousines les Aquarides