La pluie d’étoiles filantes des Léonides 2003

article original publié par Science @ Nasa
auteur : Docteur Tony Phillips
traduction de Didier Jamet
5 NOVEMBRE 2003

Les spectaculaires Léonides 2001 au-dessus du Japon
Les spectaculaires Léonides 2001 au-dessus du Japon

Yukio Sanuki

La pluie d’étoiles filantes des Léonides 2003 sera bientôt là. Et plutôt deux fois qu’une…

Bill Cooke, du centre spatial Marshall, nous explique pourquoi.

" En temps normal, il n’y a qu’un pic des Léonides, mais cette année nous allons en avoir deux : un le 13 novembre, l’autre le 19. "

C’est toujours la comète Tempel-Tuttle qui en est responsable, laquelle déboule au cœur du système solaire tous les 33 ans. Et à chacune de ses visites, la comète laisse derrière elle une traînée de débris poussiéreux, qui vont fournir la substance de la pluie. Beaucoup d’anciennes traînées de la comète encombrent la partie de l’orbite terrestre où cette dernière se trouve à la mi-novembre.

" Notre planète traverse la zone de débris tous les ans " confirme Cooke. " C’est un peu comme si elle traversait un champ de mines. Parfois elle tombe sur une traînée de poussières particulièrement dense, et parfois non. " Lorsqu’elle en traverse une de plein front, on ne parle plus de pluie mais de tempête d’étoiles filantes, définie par plus de 1000 étoiles filantes à l’heure. " C’est ce qui s’est produit en 1966 et en 2001, de grandes années pour les Léonides. "

" Cette année nous ne ferons qu’effleurer deux traînées "

La première pluie est attendue pour le 13 novembre aux environs de 17 :17 temps universel (18 :17 heure légale en France métropolitaine). Sur une durée de près de 3 heures centrée sur ce moment précis, la terre sera proche d’une traînée de poussières laissées par Temple Tuttle en 1499. Les observateurs situés en Alaska, à Hawaii et le long de la côte pacifique de l’Asie seront privilégiés. Ils pourront en voir jusqu’à une quarantaine par heure, " si toutefois ils parviennent à éviter l’éclat de la Lune gibbeuse " prévient Cooke. Une bonne stratégie pour contrer l’éclat lunaire consiste à se rendre en altitude où l’air est si pur qu’il ne diffuse pas l’éclat lunaire, ou à défaut de se placer dans l’ombre d’un grand bâtiment ou d’une colline.

Il se trouve que la Lune sera beaucoup plus proche de la traînée de 1499 que la Terre. Si la Lune était dotée d’une atmosphère où les grains de poussière pourraient venir se consumer, les cieux lunaires s’allumeraient de 1400 étoiles filantes par heure, une vraie tempête ! Au lieu de cela, elles frapperont le sol de notre satellite naturel.

La plupart des météoroïdes qui donnent naissance aux Léonides sont microscopiques, et ceux qui frapperont la Lune se contenteront de soulever un peu de poussière lunaire au point d’impact. Mais certains auront tout de même la taille d’un grain de raisin ou d’une balle de golf. Se déplaçant à plus de 250 000 km/h, ces derniers peuvent engendrer à la surface de la Lune des explosions visibles sur Terre.

" Mais cette année il y a peu de chances de voir aucun impact lunaire " tempère Cooke, " car la plupart frapperont la face cachée de la Lune. Et ceux qui frapperont le côté éclairé seront noyés dans la lumière solaire réfléchie par la Lune. Cela rend très difficile l’observation directe des impacts. "

Le deuxième pic se produira presque une semaine plus tard le 19 novembre quand la Terre approchera le sillage de 1533. " Ceux situés sur la côte est des Etats-Unis bénéficieront des meilleures conditions " affirme Cooke. " Peu de temps avant et après 07:28 Temps universel, ils pourraient bien apercevoir plus d’une étoile filante par minute. " La Lune, alors réduite à l’aspect d’un fin croissant, ne sera plus une gêne sérieuse pour l’observation. Pas plus qu’elle ne sera plus proche que la Terre du courant de débris, donc là encore pas d’explosions en perspective.

Alors que l’on peut s’attendre à voir jusque 17 étoiles filantes par quart d’heure dans la région de New York vers 2 :30 du matin heure locale, il ne faudra pas compter en voir plus de 6 sur la même durée à Paris vers 6 :30 heure locale. Ces prévisions ont été établies par Cooke à partir des travaux de trois spécialistes qui ont eu de bons résultats de prévision lors des précédentes pluies ces dernières années : Peter Jenniskens du centre de recherche Ames de la Nasa, Jérémie Vaubaillon de l’Institut de Mécanique Céleste et de calcul des éphémérides, et Esko Lyytinen. S’ils sont à peu près tous d’accord sur le fait que la Terre croisera des courants de poussières le 13 et le 19 novembre, il n’y a pas consensus sur l’intensité des pluies résultantes. Par exemple, alors que Lyytinen prévoit un maximum de 30 étoiles filantes par heure le 19 novembre, Vaubaillon en annonce 100.

Qui aura raison ? Départagez-les en regardant le ciel cette nuit là !

Quelques liens pour aller plus loin

Les prévisions de Jérémie Vaubaillon et celles de Peter Jenniskens

La page personnelle de Jérémie Vaubaillon

Explosions sur la Lune

Des léonides à couper le souffle

Galerie photo de la grande pluie de 2001

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