article original publié par Science @ Nasa
auteur : Docteur Tony Phillips
traduction de Didier Jamet
25 SEPTEMBRE 2003
C’est l’astre le plus brillant du ciel nocturne… Elle est historiquement proche de la Terre… C’est une pure merveille vue dans un télescope… C’est… Mars, bien entendu. Si vous avez ouvert un quelconque journal dans les deux derniers mois, il y a peu de chances pour que vous ayez échappé à Mars. Mars, Mars, Mars. Et vous commencez peut-être à vous en lasser. Bonne nouvelle : il y a huit autres planètes dans le système solaire, et depuis une semaine vous pouvez observer les deux plus grandes !
Commencez par Saturne.
Il vous faudra vous lever tôt, vers 5 heures du matin. Tournez vous en direction de l’est, et regardez assez haut. Saturne règne en majesté dans la constellation des Gémeaux. Elle est trois fois et demi plus brillante que Castor et Pollux, les deux étoiles les plus brillantes des gémeaux., aussi vous ne pouvez pas la louper.
Lorsqu’on observe Saturne, il est conseillé de le faire au télescope, non que la planète brille peu, mais il serait dommage de manquer ses superbes anneaux. C’est une cible facile, même avec un petit télescope.
Tandis que vous observerez les anneaux de Saturne, méditez ceci : leur existence est un mystère. Les astronomes ne sont certains ni de leur origine, ni de leur age. Certains indices laissent à penser qu’ils ne seraient formés que depuis quelques centaines de millions d’années, à l’époque où les dinosaures pullulaient sur la Terre. Auparavant Saturne était peut-être une planète sans anneaux.
Puis, tournez vos regards vers Jupiter. À partir de Saturne, tracez une ligne imaginaire vers l’horizon le plus proche. Elle vous mènera droit sur Jupiter, une brillante " étoile " perçant la lueur de l’aurore aux doigts de rose. Jupiter a passé les deux derniers mois cachée derrière le Soleil, mais à présent elle émerge de son aveuglant éclat.
Jupiter est cinq fois plus brillante que Saturne, elle attire vraiment l’œil. Ses ceintures nuageuses sont faciles à voir à travers un télescope, tout comme le sont ses quatre plus grosses lunes, Io, Europe, Ganymède et Callisto. L’ensemble forme un système solaire miniature.
Jupiter a récemment fait les gros titres car la sonde Galileo s’y est écrasée le [[21 septembre dernier]]. La sonde était en orbite autour de Jupiter et de ses lunes depuis décembre 1995. Elle aura connu d’extraordinaires aventures, plongeant dans les panaches volcaniques de Io, volant à travers les anneaux invisibles de Jupiter et subissant l’assaut de ses ceintures de radiations. Mais, ses réserves de carburant s’épuisant, les contrôleurs au sol ont préféré l’envoyer se désintégrer dans l’atmosphère de Jupiter plutôt que de prendre le risque d’en perdre le contrôle.
L’idée derrière cette décision est de protéger de toute contamination terrestre une hypothétique forme de vie qui aurait pu se développer sur Europe. À présent que Galileo a été réduite en cendres dans l’atmosphère de Jupiter, elle ne risque plus de venir s’échouer accidentellement sur Europe. Personne sur Terre n’a pu observer l’impact directement, mais beaucoup ont eu une pensée pour Galileo ce soir-là, et vous pourrez faire de même en regardant Jupiter cette semaine.
Et si décidément vous n’êtes pas d’humeur à vous lever à cinq heures du matin pour voir Saturne et Jupiter, il vous restera toujours Mars… Elle est presque aussi merveilleuse et brillante que le 27 août, un authentique bonheur à observer dans l’oculaire d’un télescope. Et elle a le bon goût d’être visible sans attendre des heures indues. Pratique !
Mais rappelez-vous simplement que ce n’est pas la seule planète du système solaire !