Harry Potter et les Lunes de Jupiter

article original publié par Science @ Nasa
auteur : Docteur Tony Phillips
traduction de Didier Jamet
5 JUILLET 2003

Portrait de famille des satellites Galiléens rassemblés autour de la planète géante : de haut en bas, Io, Europe, Ganymède, Callisto
Portrait de famille des satellites Galiléens rassemblés autour de la planète géante : de haut en bas, Io, Europe, Ganymède, Callisto

Nasa

Des volcans d’une chaleur infernale qui vomissent de la neige, des Lunes plus grandes que des planètes, des mondes glacés abritant d’immenses océans souterrains, voici quelques unes des improbables contrées présentes dans le dernier opus des aventures d’Harry Potter. Mais le plus fort, c’est que si l’on en croit les sondes spatiales, elles existent vraiment.

La nuit était déjà bien avancée à Hogwarts, et Harry, Ron et Hermione peinaient encore sur leur devoir, « une longue et difficile composition sur les Lunes de Jupiter » (difficile surtout pour Ron et Harry).

« Harry, tu n’as pas dû être très attentif à ce que disait le Professeur Sinistra » déclare Hermione à la page 300 de Harry Potter et l’ordre du Phénix. « Europe est recouverte d’eau glacée, pas de mulots enlacés ! »

Elle n’a pas tort. La température qui règne à la surface d’Europe, une des Lunes de Jupiter, est beaucoup trop froide pour les mulots : - 110 ° centigrades. La surface glacée d’Europe, telle qu’elle apparaît sur les images que nous ont renvoyées les sondes spatiales, semble inhospitalière à toute forme de vie.

Sous la couche de glace en revanche, c’est peut-être différent. Certains scientifiques pensent que la croûte gelée d’Europe n’est que le sommet du plus grand océan du système solaire, plus vaste même que le Pacifique, l’Atlantique et l’Océan Indien réunis.

Ici sur Terre, la vie et l’eau semblent aller de pair. Se pourrait-il que la vie soit présente dans l’Océan souterrain d’Europe ? Des micro organismes ? Des poissons extraterrestres ? Des mulots nageurs ? Aujourd’hui personne ne le sait, pas même Hermione.

« Et c’est Io qui est couverte de volcans » reprend-elle Ron page 295.

Elle a encore raison. En fait Io est encore plus étrange qu’Europe. Certains disent qu’elle ressemble à une pizza au pepperoni, et c’est assez bien observé : il y a plus de volcans ressemblant à des rondelles de pepperoni sur Io que de taches de rousseur sur le visage de Ron Weasley.

À chaque instant, des dizaines d’entre eux sont en activité, crachant la lave la plus chaude de tout le système solaire. Leurs panaches s’élèvent jusqu’à près de 500 kilomètres d’altitude, où règne un froid si intense que les cendres volcaniques sont congelées avant de retomber au sol en neige sulfureuse. Galileo, une sonde de la Nasa, a survécu à la traversée d’un de ces panaches.

« La plus grande Lune de Jupiter est Ganymède, et non pas Callisto » ajoute Hermione page 295, relevant une autre erreur par-dessus l’épaule de Ron.

De fait, Ganymède est le plus grand satellite naturel de tout le système solaire, et est même légèrement plus grande que la planète Mercure. Elle représente plus des trois-quarts de la taille de Mars. Si elle tournait autour du Soleil plutôt que de Jupiter, Ganymède mériterait amplement le titre de planète.

Callisto, dont la surface est grêlée de cratères, est à peine plus petite que Ganymède et, comme Europe, elle cache peut-être un océan souterrain.

Et pourtant, ces quatre univers fantastiques ne sont pas le fruit d’une imagination débordante. Ils sont bien réels, comme Galilée s’en est aperçu en janvier 1610, et comme vous pourrez vous-même le constater cette semaine. Comment ? Vous le saurez en lisant la suite de cet article, « Dernières Lunes Galiléennes avant la rentrée des sorciers ». (lien ci-dessous).

Callisto | cratère | Callisto | cratère