Les Cités de lumière

article original publié par Science @ Nasa
auteur : Docteur Tony Phillips
traduction de Didier Jamet
26 MARS 2003

"Ces images permettent de démontrer la remarquable stabilité de la station spatiale." renchérit Pettit. quand un appareil de prise de vue est monté sur le hublot, la station spatiale tout entière se transforme en un gigantesque trépied photographique. Le moindre mouvement engendrerait des traînées sur les photos de champs stellaires. Mais les gyroscopes de contrôle assurent impeccablement le maintien d’attitude de la station.

"Même si elle n'a pas été conçue pour cela, la station spatiale est une plate-forme idéale pour faire de l'astrophotographie" assure Pettit.

Une des nombreuses particularités liées à l'observation du ciel en orbite tient au fait que les étoiles y ont une apparence inhabituelle. "Elles ne scintillent pas" Confirme Pettit.

Sur terre, le scintillement des étoiles est dû aux turbulences de l'atmosphère terrestre qui dispersent la lumière des étoiles dans tous les sens. Mais en orbite, plus d'atmosphère. Aussi l'éclat des étoiles y apparaît remarquablement constant et intense.

En revanche, ce sont les éclairages nocturnes des grandes agglomérations qui scintillent !

Quand Pettit a voulu s'essayer à photographier ces éclairages urbains, il a vite compris que ce n'était pas aussi facile que de photographier les étoiles. La station, se déplaçant la vitesse de 28.000 km/h, accomplit un tour de terre en seulement quatre-vingt-dix minutes. Aussi les lumières apparaissant à la surface terrestre quittent très vite le champ de l'appareil de prise de vue, interdisant les longues poses.

Les étoiles ne posent pas le même problème car les immenses distances qui nous en séparent les rendent quasiment immobiles, de la même manière que, sur autoroute, les objets lointains semblent se déplacer très lentement, alors que l'on peine à distinguer ce qui défile juste au bord de la route.

"Pour capturer ces lumières urbaines, il me fallait mettre au point un dispositif qui compenserait les effets du mouvement orbital de la station".

Les talents de bricoleur de Pettit sont bien connus de ses amis, et cela ne lui a pas pris longtemps pour trouver la solution à ce problème de suivi.

Il explique comment : "j'ai bricolé un "traqueur maison" sur la base de la monture de la caméra IMAX installée sur le hublot du laboratoire Destiny.

J'ai commencé par récupérer une tige filetée et un écrou sur un vaisseau Progress. Puis j'ai greffé le tout sur une perceuse à main Makita : la perceuse entraîne la tige filetée, qui à son tour entraîne l'appareil photo en lui permettant de conserver le même cadrage en dépit du mouvement de la station. Le tout s'adapte parfaitement à la monture IMAX et ne change rien à ses caractéristiques d'origine."

"Dans la pratique, je regarde dans le viseur pour voir comment bouge le cadrage, puis je compense le mouvement en faisant tourner la perceuse à la vitesse qui va bien. Ça demande un peu d'entraînement, mais on prend très vite le coup."

Depuis, Pettit enchaîne les images des grandes villes à travers le monde.

"Avec ce dispositif de suivi maison, il n'y a quasiment pas de flou et on peut distinguer chaque pâté de maisons". On constate alors que certaines villes sont très rigoureusement tracées à l'équerre, alors que d'autres sont plus... organiques dirons-nous... Londres par exemple ressemble à une scintillante toile d'araignée tendue à travers le paysage. Plutôt joli.

Mais d'un point de vue purement esthétique, sa préférence va quand même nettement aux aurores. "Je ne m'en lasse pas" confie-t-il.

Normalement, Don Pettit devrait rester à bord de l'ISS jusqu'en mai prochain. D'ici là, il a prévu de passer une partie de son temps libre à prendre des photos et à les envoyer sur Terre. Encore plein d'aurores, d'étoiles filantes et de lumières de la ville en perspective. Et probablement aussi pas mal de trace de nez sur la vitre du hublot...

Pour approfondir le sujet

Les chroniques spatiales de Don Pettit, et plus particulièrement la 9 et la 12 qui traitent des aurores polaires.

Portail de l’astrophotographie spatiale et son système de recherche

Quelques vidéos prises par Don Pettit sur ses « manips » photographiques

La Terre vue du ciel façon NASA

L’extraordinaire hublot du laboratoire Destiny

Sur un tapis d’aurores

Le cratère du Manicouagan

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