question posée le 11-06-2013 par Yann
Bonjour,
Lorsque l'on parle de "denses grumeaux de poussière interstellaire sombre" comment imaginer cette densité.
Si, chaussés de lunettes adéquates, nous étions plongés au centre d'un tel grumeau que verrions nous ? Aurait-ce l'aspect d'une légère brume ? d'une fumée plus dense ? d'un nuage ? ou bien encore ne verrions-nous rien de particulier ? Connaît-on la taille de ces poussières et la densité particulaire de tels grumeaux ?
Merci d'éclairer ma lanterne noyée dans les denses grumeaux de l'ignorance (et de la curiosité).
Merci aussi pour votre site dont la visite quotidienne est un vrai plaisir.
Très amicalement
Yann
réponse du 05-09-2013 par Fabrice Mottez
Certains nuages moléculaires, avec de la poussière, sont opaques : on ne voit pas ce qu'il y a derrière eux. Cela signifie que si l'on se trouve dedans, on ne voit pas non plus ce qu'il y a à l'extérieur. C'est vrai du moins si on est au milieu de ces nuages. Autrement dit, dans ces nuages, on ne voit pas les étoiles lointaines. S'il y il a des objets lumineux dans le nuage, il y a des chances qu'on puisse les voir. En effet, la matière, bien que plus dense qu'ailleurs, est tout de même très diffuse. C'est parce que ces nuages sont très grands que cette matière diffuse est capable d'absorber la lumière des étoiles lointaines.
Exemple : dans un nuage moléculaire géant (jusqu'à un milliion de masses solaires, réparties sur plusieurs dizaines d'années lumière), la densité est de 10.000 à 1.000.000 particules par centimètres cubes. C'est beaucoup plus qu'aux environs du soleil (de 1 à 10 particules par centimètre cube) mais infiniment moins qu'aux alentours des planètes. Dans ce genre de nuages, il doit être possible de voir les étoiles voisines. Les étoiles distantes doivent en revanche subir une forte atténuation de leur brillance.
Autre exemple: les globules de Bok. Ce sont des nuages plus petits (1 année lumière) constitués de gaz très froid et de poussières. Il sont plus denses en poussière, opaques, et comme ils sont froids, cela implique qu'il n'y a aucune étoile "standard" dedans (sinon l'étoile chaufferait le nuage, or comme je l'ai dit, ils sont très froids). Au milieu d'un tel nuage, il y a de forte chances qu'on ne voie rien briller dans le ciel. On pourrait voir quand même une chose : des étoiles en formation (froides et encore peu brillantes) au sein même de ces globules.
Je vous parle bien sûr de lumière visible. Or il se trouve que les poussières sont quasiment transparentes à la lumière infrarouge. Donc des êtres dotés d'une vision infrarouge situés dans ces nuages verraient normalement le ciel. Le ciel est très intéressant à voir en infrarouge. On y voit même plus d'étoiles qu'en lumière visible -même depuis le système solaire- à cause de cette possibilité de voir à travers les nuages de poussières. Par exemple, depuis les observatoires en orbite autour de la Terre, il est impossible de voir les étoiles du centre de notre galaxie en lumière visible à cause des poussières qui sont devant, alors qu'on les voit très bien en infrarouges.
Complément de Didier Jamet
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