article de Didier Jamet
30 JUIN 2007
Ce soir, dans le ciel, les décors ne seront pas de Roger Harth, ni les costumes de Donald Cardwell. Pourtant, il s’y jouera une pièce en deux actes des plus captivantes, mettant en scène un spectaculaire lever de Lune, et une rencontre très rapprochée entre Saturne et Vénus.
Le spectacle commencera peu après le coucher du Soleil. À l’opposé du Soleil, vers l’Est, une immense Lune s’extirpera avec difficulté des brumes de l’horizon et planera au-dessus durant toute la nuit. Immense ? C’est une illusion, et comme vous le découvrirez en lisant cet article, c’est actuellement le moment idéal pour s’y laisser prendre. N’hésitez pas, elle est irrésistible !
Environ une heure après vous être régalé de ce spectacle lunaire, vous pourrez de nouveau tourner vos regards vers l’ouest. Là, vous découvrirez une étincelante Vénus passant tout près d’une " étoile " bien moins brillante. En fait d’étoile, c’est Saturne, la géante aux anneaux ! Si Saturne est incontestablement une géante avec son diamètre 10 fois plus grand que celui de Vénus, elle se trouve actuellement à une distance de 1,5 milliards de kilomètres de nous, soit 18 fois plus loin que ne l’est Vénus (un peu plus de 80 millions de km), raison pour laquelle la géante paraît si petite dans les cieux terrestres.
Mais si vous disposez d’un télescope autorisant un grossissement ne serait-ce que de 50 fois, ne manquez pas de le braquer dans sa direction. Vous découvrirez alors le majestueux spectacle des anneaux et dans leur prolongement, pour les plus chanceux bénéficiant d’un ciel bien sombre, le diamant solitaire de Titan, la plus grande lune de Saturne où s’est posée la sonde Huygens en janvier 2005.
Vénus elle-même présente un aspect étonnant vue au télescope ce soir. Non, vous ne rêvez pas, elle est bien en forme de croissant ! En effet, tout comme la Lune, Vénus présente des phases. Elle peut être pleine, gibbeuse, en forme de quartier ou de croissant.
Ces phases se produisent exactement pour les mêmes raisons que pour la Lune : c’est une question de géométrie. Un côté de Vénus est éclairé par le Soleil (il y fait " jour "), l’autre non (et c’est la " nuit "). Lors de son orbite autour du soleil, Vénus vue depuis la Terre nous présente successivement l’un puis l’autre côté, avec toutes les phases intermédiaires. À l’heure actuelle, Vénus nous présente essentiellement sa face non éclairée. Nous ne pouvons donc voir qu’une petite partie de la face éclairée, d’où le croissant.
Il y a un aspect par lequel les phases de la Lune et celles de Vénus diffèrent très largement : la Lune est à son maximum de luminosité quand elle est pleine, et au minimum lorsqu’elle est réduite à un fin croissant. C’est exactement le contraire pour Vénus. Elle atteint son éclat maximal lorsqu’elle se présente à nous sous forme de croissant, alors que la Vénus Pleine est faible. C’est paradoxal mais c’est la vérité, et voici pourquoi :
Lorsque Vénus est pleine, c’est qu’elle se trouve de l’autre côté du Soleil par rapport à nous. La faiblesse de son éclat est alors due à son éloignement. Et lorsqu’elle apparaît sous forme de croissant, elle est toute proche, et donc étincelante.
Alors bonne soirée sous les étoiles, et si vous ratez la représentation de ce soir, ne manquez pas le rappel du lendemain même heure : Saturne et Vénus seront encore plus proches !
