Comment devenir astronome

article de Fabrice Mottez
17 MAI 2007

Votre serviteur, lorsqu’il effectuait un stage étudiant à l’Observatoire de Nice, sur le plateau de Caussols.
Votre serviteur, lorsqu’il effectuait un stage étudiant à l’Observatoire de Nice, sur le plateau de Caussols.

F. Mottez

Beaucoup d’astronomes amateurs souhaitent faire de leur passion un métier. Dans un observatoire, on rencontre des chercheurs, et presque autant d’ingénieurs et de techniciens. Voici une brève description des itinéraires menant aux professions liées à la recherche en astronomie.

Les études à suivre pour devenir chercheur :

Pour devenir chercheur, il faut commencer par faire des études scientifiques axées sur la physique et les mathématiques.

Et comme la langue anglaise est la langue internationale des sciences, il faut l’apprendre. Inutile de parler comme Shakespeare ; il faut connaître la syntaxe, assez de grammaire, du vocabulaire de base, et s’habituer à parler et à écouter. (Une bonne astuce pour s’entraîner « en plus » des cours sans trop s’ennuyer : revoir des films que vous aimez bien, en DVD, mais en sélectionnant la langue anglaise, et les sous-titres anglais.) Le vocabulaire scientifique est facile à acquérir, car les mots des sciences se ressemblent beaucoup entre le français et l’anglais.

Au lycée, mieux vaut préparer un bac S. Ensuite, on peut soit aller à l’université, soit aller en classe préparatoire aux écoles d’ingénieurs. Le tout, c’est de faire des mathématiques et de la physique. Le point faible des élèves en sciences, de nos jours, c'est le calcul : si la vue d'une équation vous dégoûte, vous souffrirez beaucoup et mieux vaut songer à un autre métier. En astronomie, on emploie beaucoup les mathématiques.

Puis il faut faire, à l’Université, un mastère sur un sujet lié à l’astrophysique.

C’est possible soit à l’université après la licence (Bac+3), soit en école d’ingénieur après le diplôme, ou bien, parfois, dans certaines écoles, en équivalence de la dernière année.

Un mastère dure deux ans. (Avant la réforme des diplômes universitaires, la mastère 2ème année correspondait à un DEA). A la fin du mastère, on a un niveau Bac+5.

On peut aussi faire un mastère en physique théorique, ou bien en physique atomique, ou en physique des plasmas… On se renseigne précisément là-dessus quand on a déjà bien entamé la Licence ou son cursus d’ingénieur. Pas besoin de se soucier dès la sortie du bac du Mastère qu’on fera trois ans après.

Au mastère, il faut s’arranger pour être bien classé, c’est plus facile pour obtenir une bourse de thèse (à Bac+5, il faut songer à son autonomie financière). En même temps, on s’informe de la vie des laboratoires, et sur les sujets de thèse proposés par les chercheurs. Il faudra en choisir un.

Puis on prépare la thèse. Un thésitif (quelqu’un préparant une thèse) est une sorte d’apprenti chercheur. Une thèse réussie doit comporter des résultats originaux, que l’on publie en général dans des journaux scientifiques professionnels. Une thèse en astrophysique dure typiquement trois ans. Une fois qu’elle est prête, on la soutient devant un jury, en séance publique (on a invité les copains, les collègues, la famille, les voisins… ). Si tout se passe bien le jury décerne le diplôme de docteur.

Avec un tel diplôme, on a le droit de se présenter aux concours de recrutement pour les postes de chercheur.

Les concours ont lieu une fois par an. Si on veut les passer, en attendant, on travaille dans un laboratoire avec un statut de jeune chercheur. On est payé sur des contrats qui durent typiquement entre un et trois ans, on appelle ça des « post-docs ». C’est une situation intéressante sur le plan professionnel, car on travaille en général dans d’autres laboratoires que celui de sa thèse, et souvent dans un autre pays. Mais c’est un statut précaire, avec un salaire correct mais sans plus (en Europe, bien moindre que celui d'un ingénieur dans le privé), et il ne faut pas trop en abuser. Il vaut mieux se faire embaucher au plus vite. Ce qui n’arrive malheureusement aujourd'hui qu’à partir de l’age de 30 ans en astronomie. (Il y a quelque temps, on entrait vers 26-30 ans, mais aujourd’hui, c’est fini, les statuts précaires sont à la mode dans le monde cruel d’aujourd’hui. Si vous êtes actuellement au lycée, il est possible que d’ici là, les choses évoluent encore. En bien ? En mal ?)

Le nombre de poste de chercheurs en astronomie est restreint : 10 à 20 postes par an (Université, Observatoires, CNRS), pour environ 200 candidats ayant passé avec succès toutes les étapes décrites ci-dessus.

Bref, il faut être patient...

Sachez, si ce long cursus vous décourage, qu’il existe d’autres professions dans la recherche. Les laboratoires d’astrophysique ont besoin de techniciens et d’ingénieurs pour fabriquer leurs expériences.

Dans un observatoire, il y a à peu près autant de techniciens et d’ingénieurs que de chercheurs.

Les diplômes techniques appréciés sont souvent des DUT de mesures physiques, d’électronique, liés à l’optique, ou bien en informatique.

Les ingénieurs électroniciens, les opticiens, les ingénieurs spécialisés en traitement du signal ou en informatique sont très recherchés.

Le recrutement des ingénieurs et des techniciens se fait également par concours, une fois par an, en général.

Voilà pour les études et le commencement de la carrière.

Tous les astrophysiciens n’ont pas été astronomes amateurs. Beaucoup d’entre eux se sont d’abord intéressés à la physique et se sont orientés vers l’astronomie seulement au cours de leurs études supérieures ou de leur vie de chercheur.

Mais si vous êtes jeune et que vous souhaitez faire de l’astronomie, n’hésitez surtout pas à lire des livres sur l’astronomie, la physique, ou encore, les mathématiques, l’histoire des sciences...

Si vous aimez bricoler, n ‘hésitez pas à mêler vos talents de bricoleur et votre intérêt pour la physique. Fabriquer une lunette astronomique n’est pas très compliqué (en faire une bonne est plus difficile), c’est une bonne façon de découvrir l’optique, très complémentaire de l’approche théorique enseignée au lycée.

Si il y a un club d’astronomie aux alentour de chez vous, pourquoi ne pas y aller ? Ca peut être l’occasion de vous familiariser avec l’observation du ciel.

Au cours de vos études, vous serez conduit à faire des stages en entreprise. Pourquoi ne pas essayer d’en faire un dans un laboratoire ou dans un observatoire ? Il se peut qu’un laboratoire réponde négativement à votre demande. Ne vous découragez pas, vous pourrez sans doute vous présenter à nouveau plus tard, quand vous aurez un niveau d’études plus élevé (si on vous refuse pour un stage de troisième, cela ne signifie pas que l’on ne voudra pas de vous pour un stage de licence ou de mastère quelques années après).

A titre d’exemple, vous pouvez savoir quel chemin m’a mené à la recherche sur les aurores polaires et les plasmas spatiaux en cliquant ici.

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