Le MacGyver de l’astronomie amateur

article de Laurent Laveder
2 AOUT 2002

La comète 2002 O4 Hoenig a été découverte le 22 juillet par Sebastian Hoenig, un jeune astronome amateur allemand de 24 ans. Cette comète, photographiée ici par Michael Jäger, devrait atteindre la magnitude 8,8 en septembre 2002.
La comète 2002 O4 Hoenig a été découverte le 22 juillet par Sebastian Hoenig, un jeune astronome amateur allemand de 24 ans. Cette comète, photographiée ici par Michael Jäger, devrait atteindre la magnitude 8,8 en septembre 2002.

Michael Jäger, cometography.com

Découvrir une comète ? Rien de plus facile, il suffit d’avoir : de la chance, des insomnies, un télescope, une bouteille d’eau vide et un stylo bille. C’est avec cela qu’un jeune Allemand de 24 ans à découvert une comète qui devrait atteindre la magnitude 9 à la fin du mois d’août 2002. Cet astre, à la portée de tous les instruments d’amateurs sera idéalement placée pour les observateurs européens, puisqu’elle sera circumpolaire.

Sebastian Hoenig, un jeune Allemand de 24 ans résidant à Dossenheim, est un petit chanceux. Même s’il est rompu à la découverte de comètes SOHO – il a déjà débusqué 20 de ces comètes visibles sur les clichés des coronographes LASCO C2 et C3 de l’observatoire solaire SOHO (492 comètes de ce type connues à ce jour !) – il vient de découvrir un peu par hasard sa toute première comète « normale Â», c’est-à-dire visible la nuit. Celle-ci devrait atteindre la magnitude 9 d’ici la fin août, ce qui devrait la mettre à la portée de tous les amateurs équipés d’un instrument. Voici l’histoire de sa découverte (d’après un texte écrit par Sebastian Hoenig lui-même)

Nuit d’insomnie

Dans la nuit du 21 au 22 juillet 2002, n’arrivant pas à trouver le sommeil, Sebastian décide d’aller observer le ciel avec son télescope de 280 mm de diamètre. C’est un chasseur de comètes, c’est-à-dire un astronome amateur pacifique cherchant activement de nouvelles comètes. C’est un art de plus en plus difficile étant donné le travail de recherche systématique qu’exercent des instruments automatiques tels que LINEAR ou NEAT.

Serait-ce une comète ?

Vers 2h du matin heure locale (minuit en temps universel), il commence à observer le ciel après avoir grossièrement réglé les coordonnées de son télescope. Il décide de jeter un Å“il aux amas globulaires de la constellation de Pégase. Pointant son télescope azimutal un peu au hasard, il met à l’œil à l’oculaire et distingue une pâle tache nébuleuse de 2 minutes d’arc de diamètre. Il estime sa magnitude à 12. Or, il sait que dans cette région de ciel, les objets de cette magnitude ne sont pas légion. Serait-ce une comète ? De mémoire, il ne se souvient pas d’un tel astre dans les parages. Sebastian a du mal à penser qu’il a peut-être découvert une comète dans une région où sévissent les terribles LINEAR et NEAT !

Le MacGyver de l’astronomie

Il faut maintenant repérer la position de la comète. Or, il n’a rien sur lui pour écrire ! Son instinct de MacGyver reprend le dessus. Il trouve dans sa voiture un stylo bille et une bouteille d’eau pourvue d’une étiquette. Il y dessine les positions des étoiles et de la comète et décide d’attendre 20 minutes afin de vérifier si l’astre s’est déplacé par rapport aux étoiles. C’est bel et bien le cas. Il estime le déplacement à environ 1 minute d’arc. Ayant collecté assez de données, il rentre chez lui et se couche, l’esprit tourmenté et excité par cette possible découverte.

La confirmation tarde

Ce n’est que le lendemain, en début d’après midi qu’il se remet au travail. Il reprend son étiquette de bouteille et cherche le champ correspondant dans un atlas céleste. Une fois la position repérée, il rentre les coordonnées dans le MPChecker, un script de recherche du Minor Planet Center qui permet de savoir si une comète connue se trouve à un endroit déterminé du ciel. Résultat : aucune comète connue là où il a repéré l’astre. Les soupçons commencent à devenir des certitudes ! Sous les conseils de son amie, il envoie un mail au CBAT, afin de faire part de sa possible découverte. S’ensuit une longue attente de la confirmation de sa découverte par d’autres observations, mais la Lune se fait très gênante et la météo ne semble pas du côté des astronomes amateurs.

Enfin la confirmation

Ce n’est que le samedi 27 juillet qu’un Japonais confirme l’observation. Samedi soir, Sebastian reçoit le coup de fil de son ami Mike Meyer qui lui annonce que sa comète figure sur la page de confirmation des NEO. C’est la première fois depuis 1946 (c’était alors la comète C/1946 K1 Pajdusakova-Rotbart-Weber) qu’une comète est découverte depuis l’Allemagne. Dimanche matin, il se lève tôt et découvre la circulaire de l’UAI confirmant officiellement la découverte de la comète 2002 O4, alias comète Hoenig.

Suite de cet article: Où trouver la comète Hoenig ?
(lien ci-dessous)

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